Interview d'Alexandra Déglise

Nom d'artiste DALA, comédienne, danseuse, chanteuse, auteure, metteure en scène, directrice artistique de DALA CompaNY....

Photo: Anja Beutler, www.anjabeutler.de

01 Apr 2020

Origines

1) Quels legs de tes ancêtres et quelles références féminines (mère, grand-mères, tantes, autres référentes féminines) est-ce que tu incorpores/portes ou sens en toi ?
Je sens en moi toute la lignée de femmes puissantes qui m’ont faite. La connexion énergétique est très forte. Pourtant, je n’ai pas énormément de détails car mes arrières grands-mères et grands-mères n’ont pas été très bavardes concernant leurs propres histoires. Ma mère et ma tante ont quand même pu en partager quelques unes. Du peu que j’en sais, elles étaient des femmes fortes et debout. Mon arrière grand-mère paternelle détestait mon grand-père et le terrorisait, et pourtant il était lui même craint de beaucoup. Elle s’est imposée dans son foyer – chez qui mes grands-parents vivaient – jusqu’à sa mort. Pas question qu’elle finisse en hospice. Elle était chez elle et aucun homme ne la ferait dégager ! Laure, ma grand-mère, sa fille, fait partie des premières femmes à avoir passé le permis de conduire en Franche-Comté afin de pouvoir conduire les ambulances pendant la guerre de 39-45. Elle était infirmière pendant la guerre et son travail a été très important. Elle n’a pas voulu se marier jeune et a attendu la fin de la guerre, la trentaine bien avancée, pour choisir et imposer l’homme qu’elle aimait à ses parents (d’où le clash des titans qui suivi entre papy et arrière grand-maman !) Force de la nature, mamy Laure a eu trois enfants entre 40 et 43 ans au début des années 50. Je dis respect ! Une de ses sœurs, qui a vécu en Inde, était dotée de pouvoirs de magnétismes. Ces dons de guérison, j’en ai hérité et je les ai utilisés très jeunes, sans trop savoir ce que c’était. Plus tard j’ai appris à développer mon savoir et mon utilisations des énergies. Je suis, entre autres, praticienne de reiki. J’aime savoir que je suis l’arrière petite fille et petite fille des sorcières qu’ils n’ont pas pu brûler !

Je suis aussi portée et inspirée par de grandes figures du féminisme et de l’anarchisme telles que Louise Michelle et Emma Goldman au début du xx siècle. Plus près de nous, par les activistes comme Rosa Parks, ou Nina Simone. Je suis aussi très admirative d’auteures de théâtre noires américaines engagées comme Suzan Lori Parks et Lynn Nottage, ou, pour la télé et le cinéma, Shonda Rhimes et Ava DuVernay.

2) De quelle manière ce/ces legs de tes ancêtres et ces références féminines se manifestent-ils/elles dans ta forme d´expression artistique?
Ma forme d’expression artistique est fortement centrée sur la femme, sur le féminin, sur la force, la beauté, la laideur, la complexité, la faiblesse, le paradoxe, l’injustice et le pouvoir du féminin. Mon art est incontestablement féministe. La pièce que j’ai écrite et que je vais mettre en scène cette année, Les Îles de Raphaël traite d’une famille matriarcale antillaise et fait la lumière sur des femmes aux caractères bien différents qui se débattent toutes pour exister, pour avoir une voix, pour trouver du sens et être vues et reconnues.




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Improvisation: Alexandra Déglise


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