Le projet MAAC se propose de constituer une base de données numérique réunissant des vidéos d’entretiens, de création ainsi qu’une bibliographie active et passive sur la notion de Matrimoine notamment le Matrimoine Afro-américano-caribéen et ses usages dans la production contemporaine. Le projet Matrimoine trouve de plus en tant que partenaire privilégié le projet MATRIXX, du Centre de Recherches sur le Littératures et la Sociopoétique (CELIS) de l’Université Clermont Auvergne sous la responsabilité de Stéphanie Urdician.
En effet, Matrimoine Afro-américano-caribéen partage le même point de départ que le projet MATRIXX : le constat que la transmission repose sur la perspective androcentrée du patrimoine culturel. Le programme entend contribuer à la constitution et à l’analyse du matrimoine culturel afro-américano-caribéen et les modalités de sa transmission dans la création contemporaine (littérature, arts et arts de la scène) de l’aire des Caraïbes (Barbade, Cuba, Guadeloupe, Jamaïque, Martinique, Haïti, République Dominicaine, Trinidad-et-Tobago) et des Amériques en général (notamment Amérique latine, Guyane, Brésil, États-Unis). Le programme adopte en guise de titre une notion émergente, « Matrimoine », dont l’ancienne acception juridique, « legs de la mère », a été effacée au profit de l’acception restrictive de « mariage », en anglais, en espagnol ou en portugais. Des travaux récents réhabilitent la notion au regard des nécessités scientifiques, culturelles et politiques (Hertz, Evain) récupérant l’acception du terme donnée par l’une des premières autrices du XVe siècle, Christine de Pisan, à savoir, au sens d’héritage culturel des femmes (La Cité des Dames, 1405), avant de disparaître.
En outre, si les processus de transmission des « legs au féminin » ont été effacés au profit d’une vision androcentrée du Patrimoine, il revient au projet Matrimoine Afro-américano-caribéen la tâche de récupérer et de valoriser le Matrimoine relégué au deuxième plan dans un processus de transmission lui aussi effacé dans les mouvements des diasporas africaines au cours des six derniers siècles. Il s’agit ici de reconnaître et d’analyser la part des femmes dans la construction d’une « mémoire culturelle de la collectivité » (E. Glissant) afro-américaine.
Enfin, il s’agit de mettre en avant les processus de « décentrements » que les « legs au féminin » ont apporté aux canons artistiques américains et, particulièrement, dans les Caraïbes francophones, hispanophones et anglophones. Le projet s’inscrit dans les domaines des littératures étrangères et francophones, des arts plastiques, des études théâtrales, des arts de la scène, des études féminines et des études de genre. Les corpus appartiennent à l’aire culturelle francophone, hispanophone, anglophone et lusophone des productions des artistes afro-descendantes américaines dans une approche diachronique et synchronique.
Il se situe dans le sillage des travaux pionniers de l’histoire naissante des femmes et du genre (Histoire des femmes en Occident. De l’Antiquité à nos jours de M. Perrot et de G. Duby) et du Dictionnaire universel des créatrices (dir. A. Fouque, B. Didier, M. Calle-Grüber).
La plateforme servira d’outil pédagogique pour des cours comme « Méthodologie du Travail Universitaire » (constitution de bibliographie, recherches thématiques, etc..), « Littérature », « Arts » ayant pour sujet l’une des artistes traitées ou les études de genre. La rubrique « Portraits d’artistes femmes » constituera une dimension pédagogique majeure du projet. Elle réunira les vidéos produites par les étudiants de toutes les universités participant au projet, sur une oeuvre ou un extrait d’une oeuvre du corpus étudié. Elle valorisera ainsi l’appropriation des « legs au féminin » par les étudiants, tout en développant les compétences techniques liées à la production audiovisuelle.
La plateforme constituera également une source majeure de valorisation des « legs au féminin », des artistes femmes. Elle représentera une ressource importante de publication de textes scientifiques sur la thématique, donnant ainsi de la visibilité à la production des centres de recherches impliqués dans le projet.
Les vidéos des entretiens et les Portraits d’artistes femmes seront des sources importantes de diffusion au grand public des travaux des groupes de recherches.
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