22 Feb 2021

Origines

1) Que pourriez-vous/souhaiteriez-vous nous dire de vos origines, de leur présence et de leur rôle/ou de leur absence de rôle dans votre parcours d'artiste?
Je suis Antillaise. C'est un aspect fondamental de mon identité, qui résonne davantage en moi que la définition de mon genre, car c'est une donnée qui me précède et dont je ne suis pas seulement l'actrice mais aussi l'héritière. Ma mère est guadeloupéenne et mon père est martiniquais, et j'ai ces deux pays chevillés au corps. Ils ne me quittent jamais. Dans mes débuts en tant que romancière, j'ai souvent eu à justifier mon antillanité, car je n'avais pas situé l'action de "Rose de Wégastrie" aux Antilles. Mais il m'a toujours paru évident que la relation insulaire de mon personnage au cosmos était une métaphore de ma propre expérience de l'archipel.

2) Est-ce qu'il y a des objets dans votre vie, qui peuvent symboliser vos origines pour vous?
Je n'ai jamais été attachée aux objets, mais au cours de mes études hors des Antilles, le seul qui ne m'ait jamais quitté est une petit album photo couvert de fleurs kitsch dans lequel je conservais les clichés de tous les membres de ma famille. Je le regardais souvent, le soir ou quand il faisait froid. Et un petit mot de ma mère, dedans, me ramenait chez moi.

Identités

3) Qu'est-ce que vous ressentez comme votre identité ou vos identités et votre identité culturelle ou vos identités culturelles aujourd'hui?
Des gestes : la danse, le tjip, le tjek, coiffer le dimanche mes cheveux crépus et de ceux de mes proches en partageant des milans. Ces gestes, je les vis en tant qu'Antillaise, héritière d'une histoire héroïque. Les tambours me ramènent au marronnage de mes ancêtres et à la nécessité absolue de se battre pour notre liberté. La créole, la radio, c'est notre monde qui fait corps et qui démontre dans sa langue et ses codes qu'un peuple est là qui attend. Et en tant que femme noire, mes cheveux, ma peau et tous les discours que nous construisons à leur propos sont autant d'armes de résistance contre l'oppression que j'hérite de mes mères et que je transmets à nos enfants.

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