Je suis le bleu des stries. L’entrave du bateau. Je suis algue sensible nouée d’une division indécise. Un être malmené à la force des poignets. Un abîme où peut-être je peux me refaire une santé d'acier songeur. Retrouver mon assiette aux petites fleurs détrempées par la dernière averse. Etre ivre en automne et soupirer l’été. Ne t’immisce pas là où ça fait mal. Là où le cœur te bat. Ne t'engage pas dans les décombres en nage. Regarde là-haut. Les yeux se dégagent des broussailles. La tronçonneuse migre dans l'arrière-saison. Pour soupeser la terre, seule suffit ma main. Là contre nous, le souffle lent, la forge détrempée. J’ai souffert le martyre des nuits arrangées. La violence des éclairs à l’arrière-plan du vent.

Ainsi tremble ma vie. Et toi, tu te crois à l’abri ? T’approcher à tâtons là où descend ta voix. Elle explore en avant, et parfois en arrière. LE beffroi des orteils m'a explosé au ventre. Tu sens ton genou s'afficher l'air de rien ? Tu t’assois sur la vague où atterrit l’horloge. Tu danses sur mes bottes, les soirs de bonne humeur. Chaque mot est pierreux, crayeux dans l’aventure – des cils de fin du soir. Je choisis l’épicentre, l’omoplate de droite. C’est ma part du festin, la plus prisée de toutes La plus songeuse, la plus foireuse. Etre en rade, le soir. En panne d’inconnus, ceux qui songent à toi en alternance.

Je prends la vie de tous les côtés. Côté rêves, c’est l’extravagance. Armature jaune, pousse entre mes côtes. Souffle nouveau, pétarade amoureuse. A côté les jonquilles, au-dessus les pétales. Au-dessous les images. Je mets les voiles si je veux.

Sous la hampe, derrière les draps j'ai reprisé ma vie. Recousu les oursins. évanescents les bancs de chirurgiens. pourquoi ce sourire ? Pourquoi se sourire ? s’harmoniser de vœux pieux, se voir sourdre les soirs de cathédrale saturée du vent escogriffe trempé d’inattendus je ne suis pas habituée à parler de moi à me laisser traîner dans les recoins à me liquéfier dans tes pochoirs un espace grandeur nature dans mes organes en jaune et noir la mise à sac l’impact des élans sur ma langue elle ne veut pas tout connaître. elle en sait déjà assez pour s’évider au fil des nouveaux nés dans la tiédeur d’un espace-temps sous-titré diglossie d’un été trempé petite sœur non – petite voix j’y vois mal sur la planète j’y vois ma vie un chapitre en plus ou en moins

Textes inédits

Risquer le pas, le soubresaut du visible à l’invisible
entre les bancs le verbe éphémère, sur les tréteaux la foule
donne du sens ou le retire
les folies d’un jour n’ont pas de résonance

elle est là, elle entre, elle est déjà presque elle-même, mais qu’est-ce qu’elle me veut
sortir, entrer, sortir, le frère et la sœur sont déjà en porte-à-faux agglutiner les silences, surtout
et puis
voici la mère, gigantesque, majestueuse, chérie on sonne à la porte « mais encore une fois de quoi vous mêlez-vous », un seul fauteuil suffira, elle est déjà repartie
j’en arrive au dernier acte, ne me parlez plus d’actes, d’ébauches simplement
juste une vibration, une voix-off sur l’écran des saisons, l’évidence des corps malmenés remplit l’air de sa présence,
un lien entre ces voix qui m’aspergent de douceur
lui en chapeau noir, haut-de-forme on dit
qu’il pourrait saluer sa femme tout de même
saluer, oui, saluer

elle a encore besoin de parler
de lui, d’elle, de sa version des faits, il sature
l’espace de précisions enrouées, à droite à gauche la bastonnade
le lien des morts et des vivants
pré carré soudé aux tranches de cake
macérées dans les branches
de ma colère

si j’ouvre le rideau, je serai cramoisie
à ramasser à la petite cuillère, miette après miette ils ont ouvert la bouche
péroré leur texte vomi leur souffrance vidé leur sac
à double fond, le sac
et dans l’absence la trouée des notes
une viole de gambe fichée dans la fosse
un parterre invincible sous l’épaule il
tient à sa baguette


un brin austère
sur le bris malodorant de la sonate
il pense au gré du vent
du printemps plein les narines

viens, par ici, allonge-toi
sur le bord, dans le feu des projecteurs
elle s’étale de tout son long dans la poussière, les cheveux maculés de mots

la jambe
repliée elle crie
c’est presque trop ce cri strident presque trop de choses à jeter à ceux qui regardent, presque trop de peurs à visser dans l’estomac, à rentrer dans la gorge dénudée jusque-là

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