Michèle Manuel (Haïti)

Artiste peintre née à Port-au-Prince en 1935


Michèle Manuel débute son apprentissage du métier d’artiste au Centre d’Art de Port-au-Prince. Elle est l’élève de l’américaine Lois Jones Pierre Noel. Elle poursuit ensuite ses études à l’atelier du peintre Cervoni à Porto-Rico, puis à l’Université de Rochester dans l’état de New York.

C’est dans les années 1960 que débute sa carrière. Elle travaille en Haïti avec un groupe de femmes-peintres déterminées à s’imposer et à vaincre les préjuqés antérieurement ancrés dans les esprits de notre milieu. Plus question d’être considérées comme amateurs trouvant dans la réalisation d’un “joli tableau”, d’une œuvre à “l’eau de rose” un moyen de palier à la mélancolie des dimanches en famille.
Ensemble, ces femmes organisent, en 1963, 1965, 1967, et 1970 des expositions qui dans l’ensemble prouvent le point qu’elles entendaient faire et aussi révèlent le talent de Michèle Manuel.

Malgré ses obligations de mère, d’épouse, de femme de carrière, l’art pour Michèle Manuel n’a jamais du être relégué à une place secondaire. Elle voulait et donc a su aménager son temps pour qu’une place soit faite à son travail d’atelier, et cette discipline adoptée dès le début s’est maintenue et se maintient encore. C’est ainsi que chaque année, presque, des œuvres de Michèle Manuel ont figuré dans des expositions groupe en Haïti ou à l’étranger.

Michèle Manuel, l’artiste ne s’isole point. Elle se tient au courant de ce que font les autres, de ce qui se fait ailleurs. Une fois par semaine, elle travaille à l’Atelier de la Tête de l’Eau avec Andrée Naudé, Tamara Baussan auxquelles se joignent parfois d’autres artistes, comme Marie Jose Nadal. Ces femmes qui ont chacune des démarches très différentes, des tempéraments très différents, se soumettent mutuellement leurs œuvres pour appréciation. Les discussions sont parfois serrées mais toujours riches d’enseignements. Grace à elles, chaque membre du groupe a su maintenir l’esprit ouvert à la critique objective.

Ensemble aussi, ces femmes-artistes travaillent leur dessin d’après modèle. Elles s’imposent ce retour aux exercices de base pour maintenir l’assurance de la main et ne point oublier l’importance du dessin qui est d’autant plus nécessaire que pour la plu part et le plus souvent, elles travaillent d’imagination.

Le dessin qui, a première vue, parait inexistant dans la peinture de Michèle Manuel, est pourtant très présent et crée la structure de base qui donne l’unité à l’œuvre.

C’est lui aussi, qui sert de support à la couleur. L’œuvre de Michèle Manuel semble travaillée en surface parce que sa surface irradie une chaleur exquise produite par une forte dominance de tons divers empruntés à la gamme par laquelle passe le soleil des tropiques dans sa trajectoire quotidienne. La texture variée de la pate anime cette surface et, soutenue par le rapport étudie des couleurs, apporte à ses tableaux une grande diversité.

L’intensité de la surface est telle qu’elle occulte même parfois le sujet qui, à mesure que l’œuvre se crée, il peut devenir prétexte à faire jouer les harmonies de couleurs si chères à l’artiste. Donnant alors libre cours à son expression, Michèle Manuel n’hésite pas à conduire parfois son œuvre aux limites de l’abstraction. D’autres fois, le sujet reste lisible, reconnaissable. Il occupe alors le premier plan du tableau. Il est traité en touches libres et parfois épaisses et vient se confondre par moment avec le fond peint en aplat.

Travaillant le plus souvent de mémoire, Michèle Manuel ne cherche nullement à reproduire fidèlement la nature, aussi s’autorise t’elle de traiter astucieusement les espaces en jouant avec les points de vue.

Le sujet est vu à la hauteur des yeux et le fond, qu’il soit ou non défini, est regardé de haut. Cette vue plongeante a pour effet d’élever le fond verticalement et de l’aplatir comme on le voit souvent dans les décors de scène. Le regard du spectateur ainsi ne se perd pas dans l’infini et reste accroché au sujet mis alors en vedette.

Si la touche légère et rapide de Michèle Manuel fait penser à de la spontaneité, l’élaboration de ses constructions, au contraire, montre que chaque œuvre est le fruit de longues réflexions et l’on comprend des lors qu’il lui faille, dans son emploie du temps chargé, trouver des moments à elle toute seule afin que murisse bien sa pensée.

En conclusion, Michèle Manuel défini une manière de faire qui la singularise par rapport à ses contemporains. Elle n’est d’aucune école. Elle a beaucoup vu et absorbé et à partir de tout cela, elle a su se créer un style qui fait qu’en présence d’un Manuel, on ne peut avoir aucun doute que c’est un Manuel.

Pour l'interview de Michèle Manuel, cliquez ici

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